vendredi 29 juin 2012

Un repas de Corneille noire

Posé pendant 3 semaines sur un muret de pierres à l'est du Puy-St-Bonnet, le piège photographique de Mauges Nature a déclenché à plus de 6000 reprises... En fait, seulement 75 photos concernent des animaux et uniquement des oiseaux. Les autres sont dues au vent qui a bien soufflé pendant la période.

Merle, Perdrix, Pinson mais nous avons retenu une Corneille noire qui est arrivé avec un cadavre de Lézard vert pour le déguster en 24 clichés.

Un Longicorne nouveau pour le département de Maine-et-Loire


Anoplodera sexguttata (Fabricius, 1775)
« la Lepture à six taches »
 
 
C’est lors d’un périple dans le Baugeois, démarche pour combler les lacunes apparentes de la répartition des coccinelles de l’Anjou mises en évidence par la cartographie provisoire, que fut  découvert ce petit Coléoptère Cerambycidae.

Le 23 mai 2012, sur la commune de Vernantes, au lieu-dit « la Renaudière », alors que je prospecte les hautes herbes avec J.-P. Bresteau qui m’accompagne dans cette région qu’il connaît parfaitement, je repère un couple de longicornes sur une ombellifère. La capture me permet une identification rapide dès lors qu’un ouvrage sur cette famille d’insectes est entre mes mains. Il s’agit du Lepture à six taches (Anoplodera sexguttata) et c’est ma première observation de l’espèce. Je mesure le mâle aux taches postérieures confluentes (L = 9,2 mm) puis la femelle aux taches séparées (L = 10,5 mm). Ce que, par contre, je ne sais pas encore, c’est sa distribution géographique précise, particulièrement dans notre région.
Ce n’est que plus tard que je consulte le récent ouvrage édité par le gretia : « Les longicornes armoricains » par Xavier Gouverneur & Philippe Guérard – les Cahiers du gretia – 2011, Numéro 7. J’y constate alors l’absence de mentions dans le département de Maine-et-Loire, l’auteur précisant dans la monographie concernant l’espèce : « … elle n’a pas été signalée, curieusement, du littoral atlantique au Maine-et-Loire ».

Cette observation vient donc enrichir l’inventaire des longicornes angevins.

Michel Charrier

mercredi 27 juin 2012

Les Mauges, bastion d’une orchidée rare dans le Massif Armoricain


« L’Orchis punaise »


Le 13 mai dernier, un des rares « beaux » jours d’un printemps particulièrement arrosé et frais, je pars au SE de Cholet, là où je prospecte régulièrement depuis trois ans dans le cadre de l’atlas national des oiseaux nicheurs. J’essaie à chaque fois de varier itinéraires et étapes. Cette fois je m’arrête dans une zone bocagère, à l’entrée d’une route de ferme bordée, sur un de ses côtés, par une vaste prairie humide semi-naturelle de plusieurs hectares. C’est un site que je connais depuis des années et que je sais riche en différentes espèces d’orchidées (Orchis ustulata, O. morio, O. laxiflora, Coeloglossum viride…). La végétation n’est pas encore bien haute et, de la route, j’aperçois à la surface de la prairie la ponctuation aléatoire des nombreuses hampes fleuries d’O. laxiflora.
Délaissant pour un instant mon intérêt pour les oiseaux, je décide d’entrer dans la parcelle que je commence à explorer sur une bande d’une trentaine de mètres, à l’angle de la route et du chemin. Beaucoup d’humidité dans le sol, parfois jusqu’à le rendre un peu spongieux et surtout beaucoup d’orchidées fleuries : O. ustulata et O. laxiflora principalement. Dans ce labyrinthe de tiges quelques pieds, pas très hauts, attirent néanmoins mon attention ; épi relativement compact aux fleurs formées d’une sorte de casque brun rouge et strié de raies vertes plus foncées et d’un labelle assez réduit fait d’un mélange de pourpre et de vert. Je n’ai pas vu cette espèce depuis longtemps mais j’ai de fortes présomptions pour Orchis coriophora, une espèce rare dont je dénombre une petite vingtaine de pieds dont certains pas encore totalement fleuris.
Dés mon retour je préviens de ma découverte mais aussi de mes doutes les orchidophiles avertis de l’association. Quelques jours plus tard l’un puis deux autres vont sur le site et confirment la découverte. Il s’agit bien de l’Orchis punaise, la sous-espèce type (O. c. coriophora) à forte odeur de punaise ce qui lui a valu ce nom. Après deux visites Eric en dénombre 71 pieds et redécouvre, par la même occasion, la présence de l’Orchis grenouille (C. viridis), autre espèce de prairies humides que Michel et Patrice évalueront de leur côté à environ une centaine de pieds. A noter aussi la bonne présence d’une autre orchidée accompagnant très souvent ces deux dernières dans ce type de milieu : Dactylorhiza gr. maculata.

Cette nouvelle station d’O. coriophora se situe à environ sept kilomètres de la fameuse prairie de  Vezins, à une dizaine de kilomètres de celle de  Toutlemonde et presque autant de celle des Poteries, trois sites où cette espèce était connue mais sur lesquels aucune observation n’a été faite dans les années 2000 hormis celle concernant le site de Toutlemonde avec une donnée unique le 18 mai 2008 et concernant un seul pied fleuri repéré.
Reste que cette découverte du printemps 2012 confirme le sud des Mauges comme un bastion important d’une espèce très rare dans l’ensemble du Massif Armoricain et considérée très menacée et en régression généralisée sur le plan national. Comment protéger efficacement cette espèce et son milieu ? Il y a urgence. Dans tous les cas, un beau programme de recherches pour l’an prochain : l’exploration systématique d’un site qui n’a peut-être pas encore révélé toutes ses richesses.


                                                                              Jean-Michel LOGEAIS 24/06/2012